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Les espions


Comédie dramatique
Réalisation : Henri-Georges Clouzot
Adaptation : Henri-Georges Clouzot, Jérôme Géronimi
Dialogues : Henri-Georges Clouzot, Jérôme Géronimi
Auteur adapt. : Egon Hostovsky
d'après le roman de Egon Hostovsky 'Le Vertige de Minuit'.
Production : Filmsonor, Vera Films, Prétoria Film
Dir. de prod. : Louis de Masure
Assist. réal. : Robert Ménégoz
Image : Christian Matras
Son : William-Robert Sivel
Décors : René Renoux
Montage : Madeleine Gug
Musique : Georges Auric
Sortie salle : 11 octobre 1957
Durée : 125 mn
Pays prod. : France






     






 

INTERPRETES :

Véra Clouzot (Lucie) / Martita Hunt (Connie Harper) / Gabrielle Dorziat (Mme Andrée) / Georgette Anys (la buraliste) / Dominique Davray (l'Alsacienne) / Gérard Séty (Dr Malik) / Peter Ustinov (Michel Kaminski) / Pierre Larquey (chauffeur de taxi) / Sacha Pitoëff (Léon) / Otto-Eduard Hasse (Hugo Vogel) / Sam Jaffe (Sam Cooper) / Louis Seigner (Valette) / Paul Carpentier (Howard) / Jean Brochard (le surveillant général) / Fernand Sardou (Pierre) / Robert Lombard (le contrôleur) / Daniel Emilfork (Peterson) / Clément Harari (Victor) / René Bergeron (Gaston) / Bernard Lajarrige (garçon de café) / Jean-Jacques Lécot (faux contrôleur) / Patrick Maurin (le petit Moinet) / Hubert Deschamps (un espion) / Jacques Hilling (un espion) / Jack Ary (le serveur) / Charles Bouillaud (un agent) / Oscar Christophe / Roger Houzelstan / José Davilla / Henri Coutet / Louis Bugette

SUJET :

Le docteur Malik dirige une clinique psychiatrique sordide et ses affaires vont mal. Malik, qui a tendance à boire, se voit proposer par un mystérieux inconnu de recevoir un non moins mystérieux malade. Appâté par une belle somme, Malik fonce, tête baissée, dans de sombres affaires d'espionnage qui se coupent, se recoupent et s'entrecoupent, où tous les coups sont bons. D'étranges personnes envahissent sa maison, le manipulent, l'épouvantent. Et ce cauchemar que vit Malik n'aura jamais de réveil.


 

POINTS DE VUES :


" Alors que "Les Diaboliques", suspense criminel magistralement monté, avait été très bien accueilli en 1955, le public et la critique boudèrent ces "Espions", où l'on retrouve pourtant l'habituel univers noir de Clouzot. On reprocha surtout au film d'être incompréhensible, de ne mener à rien, de ne pas correspondre, en fait, à la littérature ou au cinéma d'espionnage traditionnels. A cette époque, les romans de John Le Carré et de Len Deighton, avec leurs agents secrets pris dans l'engrenage d'un système où tout le monde trompe tout le monde, n'existaient pas. D'une certaine manière, Clouzot aurait donc devancé un courant des années 60. Pourtant, à l'époque des "Espions", les rivalités entre agents secrets des deux blocs de la "guerre froide" appartenaient bien au genre. Mais ce film est dominé par la notion d'absurde, et les gens cultivés firent aussitôt référence à Kafka, pour démontrer que Clouzot n'avait pas été à la hauteur de ses ambitions. Cela alla même jusqu'au mauvais jeu de mots : " Clouzot a fait Kafka dans sa culotte". Aujourd'hui, nous sommes plus sensibilisés au propos tragique de cette oeuvre méconnue. L'absurde a envahi le monde moderne et il n'y a rien d'autre à comprendre, dans cette histoire d'espions, que l'angoisse d'un homme, d'un individu (Malic) découvrant le relativisme moral (thème déjà cher à Clouzot depuis "Le corbeau") et les pièges d'un univers où, quand on ouvre une porte, celle-ci ouvre sur un autre cachot. Si l'humour ou la violence viennent détendre parfois cette angoisse, elle n'en demeure pas moins maîtresse, en fin de compte. Comme dans certains films de René Clément, la mise en scène de Clouzot, solide, efficace, nous entraîne sur les chemins d'une fatalité dont l'homme est inévitablement prisonnier. Dès lors, la "noirceur" de ce film n'est pas gratuite, esthétique. Elle reflète bien l'absurdité d'un monde où chacun est tenu de se forger sa propre "morale", mais n'en est pas moins amené à sombrer dans le néant ".

Jacques Siclier


 

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Extrait du film : ( environ 576 Ko )